L’égalité hommes-femmes: l’envers du décor.
Aujourd’hui on s’attaque à un chantier de taille ! Je dois l’avouer, décrypter l’égalité hommes-femmes est plus complexe qu’il n’y paraît, bien que ce soit une thématique qui anime mon quotidien. C’est une polémique « à la mode », cela ne fait pas le moindre doute. Elle fait parler, sait faire de l’audience et engendre de nombreux débats. Mais, comment saisir véritablement ce qui se cache derrière ce terme ? Entre inégalités salariales, violences sexuelles, féminisme et mixité, c’est un peu difficile de s’y retrouver non … ? Et puis, on se dit que l’égalité, c’est une longue lutte et que tout ça, c’était avant ! En 2021, en France, ça existe encore ? Vraiment ?
Le point de départ de cet article est donc le suivant : l’inégalité hommes-femmes réside dans nos constructions sociales, bien plus que dans nos gènes. Bien entendu, nous sommes tous pour l’égalité des sexes ! De la même manière, nous sommes tous pour la paix dans le monde, contre le racisme et sensibles à la pollution, c’est une évidence. Mais, prenons un instant pour discuter de ce que cela implique. Tout de suite, on ne va plus être aussi d’accord. Voyons plutôt pourquoi…
« L’inégalité hommes-femmes réside dans nos constructions sociales, bien plus que dans nos gènes »
La petite histoire des femmes
Avant de débuter ce décryptage, il faut commencer par regarder le chemin parcouru par les femmes ces deux derniers siècles. Et oui, pour savoir où l’on va, il faut comprendre d’où l’on vient. Cela se traduit le plus souvent dans les textes de lois. Retour en 1804, date de la publication du Code civil des Français par notre cher Napoléon Bonaparte. L’article 213 décrète que : « le mari doit protection à la femme ; la femme obéissance à son mari ». Un peu plus loin, l’article 1124 précise que : « les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées et les débiles mentaux ». Au moins le cadre est posé !
Quelques années plus tard, en 1848, le droit de vote est accordé aux hommes. Presque un siècle avant les femmes ! Arrive 1880 et les filles sont autorisées à suivre un enseignement secondaire. Marie Curie marque l’histoire en 1903 en recevant le prix Nobel de physique. Une véritable prouesse pour une femme. Puis, c’est la décennie des années folles. Les 1920s, donne vie aux « garçonnes ». Les jupes se raccourcissent, le pantalon est de sortie et la frontière entre le vestiaire masculin et féminin s’estompe. On constate alors une première mutation culturelle dans la représentation du genre. Alice Milliat organise les premiers Jeux olympiques féminins alors que les épreuves féminines sont jugées « inintéressantes, inesthétiques et incorrectes » par le CIO de Pierre de Coubertin.
Un droit de vote pour une égalité hommes-femmes ?
C’est enfin la date clé du 21 avril 1944, à laquelle le Général de Gaulle octroie le droit de vote et d’éligibilité aux femmes. Il faut tout de même noter le retard par rapport à la Nouvelle-Zélande qui l’officialise en 1893, l’Australie en 1901 ou la Finlande en 1906 mais soit, enfin, les dames peuvent voter ! 1946 est marquée par la suppression de la notion de salaire féminin. Dans les faits, c’est un peu plus compliqué que cela mais passons… Arrive ensuite la publication de l’ouvrage phare de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, en 1949. Ses mots « on ne naît pas femme, on le devient » résonnent dans nos oreilles aujourd’hui encore. On ne prend plus la mesure de ce que cette phrase implique, pourtant elle résume à elle seule l’ensemble de cette lutte. Finalement, en 1965, la femme est autorisée à travailler sans l’autorisation de son mari.
« On ne naît pas femme, on le devient »
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, 1949.
Les corps féminins
Vient le temps de l’indépendance des corps. Là encore, un nouveau champ de bataille voit le jour. La loi Neuwirth autorise la contraception en 1967. Elle est suivie de peu par la loi Veil de 1975 qui dépénalise l’avortement en France (il sera ensuite remboursé par la sécurité sociale en 1982). Ce texte fait date en permettant aux femmes de disposer librement de leur propre corps. On peut le dire, on leur en doit plus d’une aux Simone ! En 1976, la mixité est instaurée dans les établissements scolaires. Les réformes se multiplient jusqu’aux années 2000. Le congé paternité, instauré en 2002, témoigne d’une évolution des représentations sur la construction du modèle parental. Son allongement de 11 à 25 jours prévu par la LFSS pour 2021 poursuit dans cette optique.
La décennie suivante s’oriente peu à peu vers la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes. La loi de 2010, instaurant l’ordonnance de protection des victimes est décisive dans ce sens. En 2012, la notion de harcèlement sexuel est inscrite dans le code pénal. Pour finir, de nos jours, le texte institué en 2018 renforce la lutte contre ces violences. Il augmente le délai de prescription des crimes, notamment commis sur les mineurs et le harcèlement de rue devient, lui aussi, verbalisable.
Les trois axes importants de l’égalité hommes-femmes
En définitive, on constate que l’histoire de l’égalité hommes-femmes se décline autour de trois pôles : les droits, le travail et les corps. En ce qui concerne le premier point, une avancée est largement visible. C’est notamment pour ça que dans l’esprit des gens, les deux sexes sont, de fait, égaux. C’est inscrit dans la constitution ! Il est vrai que ce n’est pas le cas dans tous les pays. Pour autant, cela ne signifie pas que les mœurs et les mentalités traduisent toujours cette égalité. Dans le monde du travail, nous y reviendrons, il faut avoir une lecture critique pour sortir du mythe égalitaire. Enfin, pour ce qui relève des corps et de leur représentation, il y a encore du chemin à faire … et les stéréotypes n’y sont pas pour rien !
« En définitive, on constate que l’égalité hommes-femmes se décline autour de trois pôles : les droits, le travail et les corps »
Le constat
Lorsque l’on parle d’égalité hommes-femmes, la notion d’écart salarial entre immédiatement en jeu dans l’imaginaire collectif. Chacun donne ses chiffres. On entend de tout et il est compliqué de faire la part des choses. Il est difficile d’obtenir des statistiques fiables mais surtout, il est difficile de saisir ce qu’elles impliquent. En effet, les inégalités salariales, qu’elles soient vérifiées ou pas, ne sont que le reflet de mécanismes plus profonds. C’est la partie visible de l’iceberg ! Et pourtant, pour beaucoup, c’est la première chose à laquelle on pense.
Un peu de second degré s’il vous plaît !
Je vous conseille de visionner la vidéo micro-trottoir de Loris Giuliano (https://www.youtube.com/watch?v=cejlgIeVzQg). Derrière une bonne dose de second degré, elle permet de se rendre compte qu’une partie des mentalités est réellement fondée sur des clichés ! On y voit une jeune femme déclarer : « Je pense comme un homme, j’agis comme une femme et je travaille comme une boss ». Et un point pour l’ambition personnelle ! Ou encore un quinquagénaire réfléchir à haute voix : « Les hommes qui prennent des congés maternité, ça me dépasse, ce n’est pas leur rôle ! ». Effectivement, le congé paternité serait plus adapté. Un autre défend le sifflement sous couvert de reconnaissance de la beauté d’une dame. Pour l’égalité hommes-femmes on repassera. La palme d’or revient tout de même à celui qui explique qu’il est normal que les femmes restent faire le ménage à la maison mais les violences ça non ! Il est contre ! (Ben oui, ça la fou mal sinon…).
Malgré l’ironie de mon ton, je ne porte aucun jugement sur ces propos. Je me dis simplement qu’ils sont tenus par des personnes qui n’ont pas nécessairement eu l’occasion de mesurer la portée de leurs mots. Qui ne sont pas assez informés. D’où la nécessité de décrypter et de sensibiliser. Bref, ces 12 minutes vont vous faire rire (jaune). Il ressort de tout cela que le sexisme partage un point commun avec le racisme. Il justifie des traitements discriminants au nom d’une infériorité naturelle.
Les inégalités salariales : un beau bazar ?
Revenons sur nos inégalités salariales, puisque c’est la première chose à laquelle les gens pensent lorsque l’on parle d’égalité hommes-femmes. En réalité, pour mesurer cet écart il ne faut pas se baser sur un chiffre mais sur trois. On entend souvent dire que les femmes sont payées environ 10% de moins que les hommes. C’est vrai… et c’est faux. Il faut comparer ce qui est comparable. L’analyse doit être beaucoup plus subtile que ça. Pour essayer de faire les choses correctement, je suis donc partie de données que j’estimais suffisamment récentes et fiables (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4514861).
Un premier résultat montre que, dans le cadre du privé, à poste égal et temps de travail égal les femmes gagneraient 5,3% de moins que les hommes. Il est difficile de mesurer la part de biais statistique de ce chiffre (qui pourrait être dû à l’ancienneté par exemple) et donc, in fine, le pourcentage objectif de discrimination caché. Pour autant, le constat est que les femmes doivent travailler 19 jours de plus par an pour gagner la même chose qu’un homme. Ces 5,3% restent donc inexpliqués. Et ça, ça pose un problème dans le cadre de l’égalité hommes-femmes.
« On entend souvent dire que les femmes sont payées environ 10% de moins que les hommes. C’est vrai… et c’est faux »
Discriminatoire ou pas alors ?
Un second chiffre mesure ce que l’on appelle l’écart en équivalent temps plein, tous postes confondus. C’est à dire pour la même quantité de travail, sans tenir compte des domaines d’exercice. Il est de -16,8% en défaveur des salaires féminins. Cela s’explique par le fait qu’hommes et femmes ne travaillent pas dans les mêmes secteurs. Ils n’obtiennent pas les mêmes postes et responsabilités. Les femmes sont concentrées dans des professions moins rémunérées. Dans le top trois des professions les plus fréquentes pour elles on retrouve le secrétariat, le salariat pour des services financiers et administratifs et le secteur ménager. Le même podium pour les hommes favorise les conducteurs routiers, les ingénieurs et cadres et les coursiers. En termes de stéréotypes dans l’égalité hommes-femmes, on est plutôt pal mal pour le coup…
Ce qu’il faut retenir, c’est ce que ce chiffre n’est pas discriminatoire au sens propre du terme. Mais, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas problématique. Il est normal de gagner un salaire de vendeuse ou d’institutrice si vous êtes vendeuse ou institutrice. Cela questionne surtout sur la place que l’on donne aux différents sexes dans le travail. Les hommes et les femmes ont-ils droit à une égalité des chances ? Ont-ils accès aux mêmes possibilités ? Il semblerait que la réponse soit non…
« Ce qu’il faut retenir, c’est ce que ce chiffre n’est pas discriminatoire au sens propre du terme. Mais, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas problématique »
Et l’égalité filles-garçons à l’école, ça se passe comment ?
Pour le constater, il faut revenir sur les bancs de l’école. Les études (https://www.oecd.org/pisa/keyfindings/PISA-2012-Gender-eBook-FR.pdf ) montrent que dès l’âge de 6 ans, les filles se considèrent moins brillantes que les garçons. À 15 ans, parmi les élèves les plus performants en mathématiques, on retrouve 11% d’écart entre les deux sexes. Est-ce parce qu’elles sont moins douées ? Non, seulement parce qu’elles sont plus anxieuses. 14% des étudiantes choisissent un cursus scientifique à l’université, contre 39% des garçons. Le problème des 16,8% d’écart salarial en équivalent temps plein ne réside donc pas seulement dans le fonctionnement des entreprises mais plutôt dans les mœurs construites dès le plus jeune âge. Dans la façon dont notre société éduque sa jeunesse. Encore une fois, on revient à la nécessité de sensibiliser.
Le chiffre qui achève !
Finalement, un dernier pourcentage compare le revenu de tous les salariés, peu importe le poste et le temps de travail. On obtient le résultat de … tenez-vous bien, -28,5% (pour les femmes bien sûr). C’est le moment où les esprits s’affolent : « quoi, les femmes gagnent presque 30% de moins que les hommes ?! ». Bien entendu, ce n’est pas si simple. 8 salariés sur 10 en temps partiel sont des femmes. Ici encore, ce n’est pas discriminatoire de gagner moins si on travaille moins. Mais, cela reflète le rôle que la société donne aux différents sexes dans le modèle parental. Les conséquences de la maternité et les responsabilités biologiques des femmes impactent grandement cette donnée dans le cadre de l’égalité hommes-femmes.
Dans la même optique, durant leurs carrières respectives, les hommes obtiennent plus facilement des promotions que leurs acolytes féminins. Ils bénéficient de ce que l’on appelle un plancher de verre quand elles sont confrontées à un plafond de verre. Bref, ce chiffre remet en question la place que l’on accorde aux femmes au 21e siècle. Sont-elles en temps partiel par choix ou par obligation ? Ces trois statistiques questionnent des échelles différentes de l’égalité hommes-femmes. Si on s’intéresse au taux de discrimination, on pourrait dire qu’il est de 5,3%. En revanche si on regarde la différence de pouvoir économique des deux sexes, elle est de 28,5%.
Puisqu’on parle d’égalités hommes-femmes …
Et ça ne s’arrête pas là… Quand les femmes ne sont pas discriminées, elles sont ciblées. 45% des publicités dans les médias sont conçues exclusivement pour la ménagère de moins de 50ans. Environ 216 000 femmes sont violentées chaque année. 100% des utilisatrices des transports en commun sont victimes une fois dans leur vie de harcèlement ou d’agressions (https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hcefh_avis_harcelement_transports-20150410.pdf ). Gardons à l’esprit que ces données ne sont pas là pour réaliser une étude scientifique sur l’égalité hommes-femmes. J’ai presque envie de vous dire que l’on se moque un peu de l’exactitude des chiffres. Ils sont simplement là pour nous permettre de comprendre, de prendre la mesure des différences.
« Si on s’intéresse au taux de discrimination hommes-femmes, on pourrait dire qu’il est de 5,3%. En revanche si on regarde la différence de pouvoir économique des deux sexes, elle est de 28,5% »
La femme moderne, une belle arnaque ?
On en est donc là. Pour revendiquer l’égalité la femme moderne devrait ramener 50% du budget familial mais effectue toujours 70% des tâches ménagères (https://www.inegalites.fr/L-inegale-repartition-des-taches-domestiques-entre-les-femmes-et-les-hommes ). Bienvenue dans le monde de Wonderwoman ! Le problème réside peut-être ailleurs que là où nous le pensions. Et la faute revient… aux stéréotypes et aux normes de genre !
Il faut ici préciser une subtilité qui a son importance : la différence entre le sexe et le genre. Le sexe renvoie à la nature biologique de la personne : homme ou femme (dans certains cas les deux). Le genre, lui, résulte d’une construction sociale et culturelle. Il est utilisé pour désigner les rôles associés aux individus de sexe masculin ou féminin. Pour aller encore plus loin, on peut aussi parler d’identité sexuée. Elle est le sentiment intime qu’a chacun d’appartenir à l’un des deux sexes que la biologie et la culture distinguent. Cela signifie que l’on peut parfaitement être un individu de sexe féminin mais de genre masculin (et inversement). C’est là que les stéréotypes interviennent : communément les gens l’appellent « le garçon manqué ». Il faut alors repenser tout le schéma de l’égalité hommes-femme.
Règle N°1 : Le masculin l’emporte sur le féminin.
La société se construit donc sur des normes relatives aux genres. C’est-à-dire sur l’idée que l’on se fait de ce que devraient être les différents sexes. Ces normes reposent sur le principe de domination masculine, à laquelle s’oppose une logique d’émancipation féminine. On nous l’apprend depuis tout petit : « le masculin l’emporte sur le féminin ». Ce n’est pas qu’une simple règle de grammaire, c’est aussi une règle sociale et politique. Les normes conduisent à ce que les sociologues appellent la « bi-partition sexuée du monde ». Chaque sexe à un stéréotype et voit son reflet dans l’autre sexe. Et au bout de la chaine… il y a nous, qui agissons selon les dictats de ces mêmes attentes. Dans un monde cloisonné et binaire, masculin ou féminin. Mais alors, est-ce que l’égalité signifie supprimer les différences ou plutôt supprimer les hiérarchies ?
« Il faut ici préciser une subtilité qui a son importance : la différence entre le sexe et le genre. Le sexe est la nature biologique de l’individu. Le genre résulte d’une construction sociale et culturelle »
L’égalité : complémentarité ou équité ?
Il s’agirait dès lors d’assurer véritablement une égalité des chances entre les femmes et hommes, plutôt que de vérifier les salaires ! Cela passe, en outre, par la prise en compte des différences mais aussi et surtout par une éducation qui dissipe les croyances limitantes. Est-ce possible de réussir à la manière d’un homme ? La réponse est oui. Est-ce possible de réussir à la manière d’une femme ? La réponse est aussi oui. Deux restaurants récompensés par trois étoiles peuvent tout à fait élaborer des cuisines différentes, voire opposées. Il faut arrêter de penser que la réussite de l’un se fait au détriment de l’autre.
La manière dont on s’adresse aux enfants, aux gens, reflète notre façon de penser le monde. Elle définit nos grilles de lecture et de pensée. Tout l’enjeu est de comprendre (attention je ne dis pas que j’ai tout compris, loin de là !), que le but n’est pas de renverser la domination mais plutôt de repenser cette égalité hommes-femmes pour ne pas enfermer les gens dans des cases. Nous sommes les héritiers (volontairement ou pas d’ailleurs) d’un schéma. Inconsciemment nous avons une bienveillance ambivalente, faisons des blagues pas drôles et nous créons des autolimitations respectives. Il faut lire entre les lignes de cet héritage pour trouver les règles du jeu. Le premier pas est déjà de prendre conscience de ces petites choses que l’on ne voit pas et qui creusent le déséquilibre en permanence. Nous sommes tous passés par l’école maternelle… MA-TER-NELLE ! Depuis le début on nous inculque ce que devrait être une femme.
Vers l’équité…
Avant, on avait peur de viriliser les femmes en les faisant travailler, aujourd’hui on a peur de féminiser les garçons. On devrait changer d’angle de vue pour comprendre que l’on peut assurer l’égalité dans la diversité. Et, c’est sans doute la plus juste et la plus solide. L’égalité hommes-femmes devient alors l’équité. C’est une justice spontanée, qui dépasse les règles et permet une réussite équivalente avec des itinéraires différents. Justement, c’est cette différence qui nous intéresse. On oublie trop souvent qu’être égaux ne veut pas dire être identiques. Certains disent alors : « oui mais la complémentarité ça suffit ! ». Les mêmes recrutent des femmes pour leur nature plus douce et font du 21° siècle l’ère de l’inclusion. Ils clament que l’égalité pourrait faire disparaitre les différences entre les sexes. Comme si l’égalité entre des individus de couleurs noire et blanche suffisait à effacer leurs couleurs de peau. C’est bien, mais à mon sens, ce n’est pas assez.
« On devrait changer d’angle de vue pour comprendre que l’on peut assurer l’égalité dans la diversité. Et, c’est sans doute la plus juste et la plus solide. L’égalité devient alors l’équité »
Et dans les entreprises alors ?
Il faut comprendre que l’égalité/équité des hommes et des femmes profite en réalité à tout le monde. Dans les entreprises, la diversité stimule la créativité et l’innovation. Des compétences plus variées permettent un élargissement des possibles. Il est prouvé depuis longtemps que les entreprises respectant le principe d’égalité entre les sexes obtiennent de meilleurs résultats financiers. Et ce n’est pas si difficile à mettre en place. Cela suppose quelques aménagements bien entendu : repenser le mode de recrutement et valoriser la promotion équitable par exemple. Mais ça implique surtout de dépasser les stéréotypes de genre.
Le monde du travail doit changer la façon dont il imagine le déroulé de la carrière des deux sexes. En ce sens l’allongement du congé paternité est fort en symbolique ! L’école devrait assurer un traitement et une orientation plus équitable des élèves. Les parents pourraient dépasser les croyances limitantes qu’ils inculquent inconsciemment à leurs enfants. En résumé, il faut changer les perspectives si l’on veut espérer comprendre et faire avancer l’égalité hommes-femmes.
Le féminisme : un terme impopulaire ?
À vrai dire, je ne me suis jamais considérée comme « féministe ». Comme je ne me suis jamais dite « écolo ». Et ce, parce que j’étais aveuglée par les connotations péjoratives que ces clichés transportent. Je ne manifeste pas les seins à l’air pour les droits des femmes et je continue de m’épiler. Ok, donc je ne suis pas féministe. Quelle erreur…
En 2014, l’ONU a lancé la campagne HeforShe. Dans ce cadre, l’actrice Emma Watson a fait un discours éclairant sur les préjugés que l’on peut avoir à propos du féminisme. Elle raconte que plus ce combat avance, plus il est synonyme de haine envers les hommes. Alors qu’en réalité, cela ne fera que nous séparer davantage. Par définition, le « féminisme » renvoie simplement à la croyance que les hommes et les femmes devraient avoir les mêmes droits. Mais, si je réalise une rapide recherche google, je tombe sur les définitions suivantes dans le Larousse : « 1. Mouvement militant pour l’extension du rôle des femmes dans la société. 2. État d’un individu de sexe masculin présentant des caractères de féminité ». Voilà, voilà… il semblerait qu’une mise à jour s’impose à la rédaction ! Bref, si même Larousse est victime des stéréotypes on entrevoit à quel point le terme « féminisme » est devenu impopulaire. Il faut lui redonner de la valeur, du moins, lui permettre de retrouver son sens véritable. Celui qui traduit la volonté d’une égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique des deux sexes.
« Plus le combat du féminisme avance, plus il est synonyme de haine envers les hommes. Alors qu’en réalité, cela ne fera que nous séparer davantage »
Emma Watson, Discours pour la campagne HeforShe, ONU, 2014
Dépassons les apparences de l’égalité hommes-femmes…
Pourquoi le féminisme met-il si mal à l’aise ? Je considère avoir droit à autant de chances de réussite qu’un homme. À autant de respect social. Et encore, je fais partie des privilégiés. J’ai grandi dans un pays où être une fille donne le droit à une éducation normale, où trouver un travail est une perspective d’avenir. Combien de femmes dans le monde peuvent prétendre à ces simples ambitions ? Finalement, ce n’est pas le mot l’important, mais l’idée qu’il renferme.
Alors, comment changer le monde si nous excluons les hommes du féminisme ? De nos jours, être un homme vous empêche de parler du droit des femmes sous couvert d’être catalogué comme misogyne. Ben oui, qu’est ce que t’en sais toi, l’homme ? De la même façon être blanc vous interdit de parler de racisme. Et le droit de parole alors ? Il est important d’inclure les hommes dans cette démarche d’égalité hommes-femmes. C’est une bêtise de penser qu’ils ne sont pas aussi prisonniers des stéréotypes de genre. Nous avons tous le droit d’être sensibles. Comme nous avons tous le droit d’être forts. Si les hommes n’ont pas à dominer, les femmes n’auront pas à être dominées. Nous devons nuancer notre schéma de pensée …
« C’est une bêtise de penser que les hommes ne sont pas aussi prisonniers des stéréotypes de genre »
En définitive, j’étais ce que l’on appelle une « féministe par inadvertance ». Et nous sommes plus nombreuses qu’on ne le croit. Après réflexion, je crois que l’on peut dire que je suis désormais une féministe tout court. Et j’en suis fière !
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